Dreyfus se retire de Cherbourg

 

Normandie - 09 Octobre

 

Dreyfus voulait faire un coup sur le charbon à Cherbourg. Mais en cinq ans, le trafic n'a jamais vraiment décollé. | 

Thierry DUBILLOT et Jean-Pierre BUISSON.

Louis Dreyfus Armateurs y cesse son activité à la fin de l'année. Deux opérateurs sont intéressés par une reprise du terminal vrac.

Le terminal vrac du port de Cherbourg va changer d'exploitant. Louis Dreyfus armateurs jette l'éponge, logiquement pourrait-on dire, après avoir beaucoup investi et perdu beaucoup d'argent.

Cherbourg va-t-il perdre un nouveau trafic ? Pas sûr, mais pas impossible. La décision du groupe Dreyfus remet sérieusement en cause la pérennité du trafic de charbon. Celui-ci ne se porte pourtant pas si mal. 320 000 tonnes ont été traitées l'an dernier et l'on a compté jusqu'à trois navettes fluviales par semaine pour livrer la région parisienne.

Le retrait de Dreyfus s'inscrit d'abord dans le cadre d'une politique générale de la société qui, doucement, se recentre sur ses activités : abandon de sa filiale ferries sur la Manche au profit du danois DFDS, retrait récent de l'autoroute de la mer Saint-Nazaire-Gijon.

A priori, le port de commerce ne devrait pas trop souffrir. Même si, dans l'opinion, ce départ peut être ressenti comme un nouvel échec. Jean-Claude Camus, président de la CCI et de SAS port de Cherbourg, « déplore le départ d'un groupe comme Dreyfus. Mais il part la tête haute. Le groupe assume l'intégralité de ses engagements. Quand vous perdez plus de 11millions d'€, il faut que ça s'arrête à un moment. Mais tout le monde travaille pour qu'il y ait une continuité. »

Même sentiment du côté de Jean-Michel Sévin (Ports Normands Associés) : « Il ne faut pas le prendre comme un échec. D'abord, pas un centime d'argent public n'a été dépensé. C'est Dreyfus qui considère que le niveau d'activité du terminal est trop bas pour continuer. Par rapport au projet initial (4 millions de tonnes espérées), et par rapport à son souhait de recentrer ses activités sur son coeur de métier. »

Ce départ n'affectera pas les hommes et les structures nécessaires au fonctionnement du terminal.

Deux repreneurs potentiels sont en lice. Une société locale, spécialisée dans les colis lourds, et une rouennaise, bien implantée dans les trafics de vracs divers. Rien n'est bouclé, mais les discussions semblent bien compliquées. Notamment sur les différents tarifs que devra acquitter l'éventuel repreneur.